Voilà un petit début d'histoire que je viens de pondre. C'est pas énorme pour l'instant, mais j'ai quelques idées qui me semblent bien.
Et puis, qui n'a jamais eu envie de connaître la vie d'un ogre globe-trotter.
Sans plus attendre :
Interview avec un Mangeur d’Hommes
La chose ventrue devant lui le répugnait, amas bigaré de tissus, de graisse et de saleté. Elle avait des bottes ferrées, classique chez cette engeance, un pantalon bouffant blanc au rayures verticales rouges, un gilet de cuir qui aurait put servir de couverture à trois guerriers mais qui n’arrivait même pas à cacher l’énorme panse, deux imposantes chaînes, une en or, finement ciselée, l’autre très exotique, visiblement constituée d’os de diverses provenances, une boucle d’oreille, peut être un anneau nasal à bœuf, et un imposant tricorne de cuir où était plantée une plume extravagante initialement blanche, mais constellée de taches rouge sale. Sans ce soucier du regard haineux de son « invité », l’hôte continuait à parler. Du moins essayait d’articuler des mots, car sa bouche était pleine de viande dont le commandant impérial ne voulez pas connaître la provenance.
- Pendant la bataille, j’ai entendu dans vos rangs un terme très choquant: MONSTRE. Qu’est-ce qui qualifie un monstre, humain ? Quelque chose de différent de vous ? Bah ! Donc vous êtes un monstre pour moi aussi, ahaha. Intéressant cette conception de la vie ! Vous voulez ?
Le commandant refusa aussi poliment que possible quand son geôlier lui tendit un morceau de viande.
- Dommage, notre boucher est excellent pour cuisiner l’humain dans ce succulent bouillon de destrier impérial ! Arh arh arh ! Ne me regardez pas comme ça, ils étaient déjà morts… je crois.
- Vous êtes un porc répugnant et corrompu ! cracha le soldat
- Que de vulgarité ! Nous sommes entre être civilisés ici ! rétorqua calmement le gargantua.
- Erreur ! Rien de ce que je vois ne se rapproche de près ou de loin à une quelconque civilisation !
- Voyez-vous ça ? C’est que vous êtes malvoyant mon chair. Vous auriez besoin de ces correcteurs optiques que j’ai découvert chez vous.
Son interlocuteur fut surpris de voir cette chose en face de lui faire un trait d’humour et utiliser des termes qu’il pensait au-delà de sa portée. Le pire étant qu’il s’en servait aussi bien qu’il maniait son gigantesque sabre.
- Oui, je ne suis pas aussi bas de plafond que vos histoires et mon corps d’athlète ne le fait penser !
- Athlète ! Peuh ! Un tas de graisse.
- Il est vrai que nous autres ogres sommes relativement bien protégés des rigueurs du climat.
Voilà qu’il recommençait avec son humour douteux.
- Vous avez vu à quel point mes semblable sont forts. J’ai moi-même tué à mains nues deux de vos capitaines et arraché la tête d’un autre avec mes dents !
- Et vous osez dire que vous êtes civilisé !
- Vous déchiquetez bien mes frères avec vos Craches-Plomb géants ! Mais je n’ai pas envie de débattre dans un dialogue stéril. Laissez moi vous compter mon histoire. Peut-être que vous changerez d’avis sur moi et les Royaumes Ogres.
- Ai-je réellement le choix ?
- Nous avons toujours le choix… Allons ! De toute façon vous n’avez rien d’autre à faire. Ah Gorg ! Donnes moi ça !
Le commandant se retourna pour voir à qui il parlait : Le dénommé Grog ammenait ce qui semblait être une cuirasse de chevalier mais ouverte en deux afin de servir de plat. A l’intérieur, on avait placé une véritable montagne de viande, cuite ou non, haché ou à point. L’impérial senti quelques délicates odeur d’herbes exotiques.
- Je vois que vous avez faim, humain !
- Non pas du tout !
- Votre langue ment, mais vos yeux et votre nez racontent une toute autre histoire, allez ! Prenez ça ! C’est très bon.
L’ogre lui tendit une assiette de métal finement ciselé, peut être de facture naine, où il plaça une pièce de viande d’au moins trois kilogrammes.
- Encore un de mes hommes ?
- Non, ça c’est du… de l’animal des cavernes. Vous pouvez manger sans arrières pensées.
L’humain, toujours méfiant, pris tout de même l’assiette et la posa à sa droite, sur un coffre. Bien décidé à ne pas manger de cette nourriture provenant peut être d’un homme ou pire…
- Vous finirez par manger, je le sais. La faim est toujours plus forte. Trève de balivernes, installez vous aussi confortablement que possible… Mon histoire commence…
Voilàààà