Quelques Z'Ottists
Chapitre 4 : Apprendre à voler très vite La grande évasionLa petite troupe avait été accueillie à bras ouvert par la tribu des z’Ottist. Leur chef, Eddy Eul’Grave, avait rapidement sympathisé avec le chaman.
Ils avaient été conviés chez lui pour la nuit. Ils avaient été nourris et pouvaient dormir là. Eddy était parti faire un tour nocturne du village avec Mey.
Marlé profita d’être au calme pour sortir s’aérer avant la nuit. Il sortit en regarda le village au clair de lune. Un enchevêtrement de huttes entassées autour d’une grande place centrale ou était allumé un grand feu.
Le village était en forme de crêpe et occupait toute la corniche. Au loin, on pouvait voir les nuages au-delà du bord du village. De part et d’autre de celui-ci, deux portes en bois fermaient les deux accès au village. Au moins, il était facile à défendre. Il avait appris que le premier chef qui avait fait construire ce campement s’appelait Otti Eul’barge, d’où le nom de la tribu, les z’Ottist.
Il regarda la cage contenant les deux gobelins prisonniers. Demain, ils seraient jetés du bord de la falaise dans le vide. En bordure de celle-ci, on avait fixé une planche qui s’avançait dans le vide … Otti avait décrété que la justice de Gork serait appliquée en ce lieu. On jugeait les gobelins sur cette planche. Le fait de les juger dénotait une forme de civilisation avançée. Mais le jugement était simple, on poussait l’accusé dans le vide. S’il réussissait à revenir sur la corniche en vie, c’est qu’il était innocent, sinon, c’était une preuve de culpabilité.
Marlé s’approcha de la cage. Les prisonniers ne dormaient pas.
« Alor, pré pour votr batèm de l’air ? » demanda-t-il.
« En fait, l’altitude me donne des gaz » répondit le plus petit avec un sourire en coin
« t’auré pa une paire d’aille dans té sak a tou azar ? »
Marlé secoua la tête.
« Désolé mé la, on é un peu préssé … on va dan l’nor »
« Dan l’nord ? » balbutia le prisonnier en s’approchant des barreaux
« Oué, pourkoi ? »
« Ben, j’espère que voua vé une bonne carte sinon on a plus de chance de s’en sortir vivan ke vou ! »
« Kommen sa ? »
« Ben, lé gars du village ne prenne plu ke la route du sud … au nord, cé un véritable labyrinthe … et y a les troll ki y vive .. »
« Et kommen tu sé sa toi ? »
« J’chui Anatole Nhii mé tou l’mond m’appel A’Nhii … et sa cé Lin le chasseur … cé l’seul ki connaisse lé chemins au-delà d’la porte nor ! …»
« Tu cherche à s’ke t’aide … mé sa n’pren pas » dit Marlé en s’éloignant …
Il fit quelques pas dans le village mais cette conversation trottait dans sa tête. Il alla à la porte nord et s’approcha des gardes …
« S’lu, kommen sa s’pass lé gar ? »
Trop content de pouvoir discuter un peu, les sentinelles s’approchèrent de lui.
« Sa va, sa va … et vou, vou v’né d’où ? » demanda l’un des gardes intrigué qui cherchait à tromper son ennui.
Marlé raconta un peu de ses histoires et passa presqu’une demi-heure avec les sentinelles … il en profita pour se renseigner …
C’était vrai, seul l’archer dans la cage et son compagnon sortaient encore par la porte nord … Au-delà de partie visible de la route, le chemin se divisait en plusieurs chemins et cela se reproduisait à intervalle régulier … La plupart des chemins se terminaient en cul de sac … et la plupart du temps, des trolls y attendaient leur victime qui se trouvaient pris au piège.
Marlé retourna à la hutte du chef. Il passa sans arrêter devant la cage en regardant les deux prisonniers et entra.
Les frères T.N.T. discutaient autour d’un bâton rouge d’où sortait une mèche. Mina expliquait comment ralentir la combustion de la mèche à son frère.
« Ho, lé gars, j’vé avoir besoin d’vou ! »
« Ha bon, tu veu kon s’occupe du chaman ? » demanda Mina les yeux brillant d’espoir avec un grand sourire
« Nan ! Fermé vo sak, on va devoir partir cett nui … »
« Hein ? Mé on a de koi boufé, de koi boir et un toi pour la nui … on peu attendre demain ? »
« Nan ! On décolle s’te nui ! Et on pren lé deux zouaves dans la cage ! »
Les frangins se regardèrent sans comprendre et s’apprêtait à poser une autre question … mais Marlé les devança
« Sa vou di de fair pété kelk truk ? »
Aussitôt les deux frères se mirent à sourire de toutes leurs dents en regardant celui qu’ils considéraient comme leur chef. Ce sourire fit frémir Marlé mais il n’avait pas d’autre idée.
« On va partir par la porte nor, jé besoin ke vou fassié une diversion pour kon puisse récupéré lé deux blaireaux dans leur cage san kon nou suive … »
Mina regarda son frère puis approcha la tête de Marlé d’un air de conspirateur …
« Pa d’souci … mé, on peu laissé l’chaman ici ? »
La nuit était déjà bien avancée …
« Nan, j’vé l’cherché ! J’veu kon soi pré à partir dan une heure …. ! »
Les deux frères attrapèrent leurs sacs et partirent discrètement de la hutte …
Marlé sortait à son tour. Il allait chercher Mey quand il aperçut le chaman revenir à la hutte en compagnie d’Eddy.
« Ho, Marlé, enkor debou ? » demanda le chef
« Ma jambe m’empêche de dormir … »
« Ok, ok … bon, j’revien, fo k’j’aille fair la tourné dé porte pour pa k’sé fégnasse s’endorme … j’en é pa pour longtem … Mey, tu prépare mon r’tour … »
Le chaman souriait en regardant Eddy s’éloigner puis regarda Marlé.
« L’é sympa ce chef kan même, j’l’aime bien ! »
« Oué, ben, oubli, on s’tir maintenan ! »
« Koi ? Pourkoi, on é bien là, on pourré resté une semaine ou deux … »
« Nan, on dégage ! Vien avek moi ! »
Marlé entraina le chaman près de la cage des prisonniers … elle n’était pas gardée car il n’y avait quasiment pas de risque d’évasion dans ce campement et les prisonniers étaient ligotés.
« Hé, vou deu, kom sa vou connaissé bien lé route au nord ? »
« Oué, pourkoi ? Envi d’une balade touristique ? Besoin d’un guide ? »
« On peu dir sa … sa vou di d’se tiré d’ici ? »
« La, j’di pa non … mé une fois dehors, kommen on sor du village ? »
« Sa cé mon problèm ! » répondit Marlé avant de sortir son glaive pour ouvrir la porte de la cage.
Une fois libéré, le plus petit des deux regarda Marlé et lui fit signe de ne pas bouger … Il partit vers la hutte du chef et ressortit une minutes plus tard avec un poignard à la main et un arc avec carquois dans l’autre.
Le deuxième prisonniers n’avait toujours pas prononcé un mot et se massait ses poignets qui avaient été ligotés.
Il lança l’arc à son compère et se positionna à côté de Marlé.
« Sui nou, on conné kommen arrivé discrétement à la porte nor, mé la ba, sa s’ra à toi de joué … sinon, tu va d’voir apprendre à volé toi d’ici le petit jour ! »
Marlé fit signe au gobelin de passer en tête et suivit le mouvement en tirant sur la manche de Mey qui regardait la lune … Ils firent plusieurs détours et au bout de cinq minutes finirent par arriver en vue de la porte.
« Et maintenan ‘chef ? » demanda ironiquement le petit gob’z
« Maintenan, vou bougé pa tan k’je vou lé pa di »
Il regarda un peu partout autour de la porte et finit par repérer ce qu’il cherchait. Mina était cachée proche de la porte derrière des tonneaux entreposés là. Il lui fit signe. Mina répondit d’un hochement de tête.
Marlé se retourna vers son groupe.
« Bougé pa, j’vé m’occupé dé deu sentinelle et on y va ! »
Le prisonnier taciturne tandis le bras et attrapa l’épaule de Marlé avant qu’il ne parte. Il le tira en arrière et passa devant lui. Il encocha une flèche, visa puis tira. Le chef suivi la trajectoire de la flèche des yeux. Elle alla se planter dans la tête de la sentinelle de gauche. Il allait frapper le gobelin pour sa connerie, la deuxième sentinelle allait donner l’alerte. Mais le temps de tourner la tête, une deuxième flèche était fichée entre les yeux du deuxième garde.
Le gobelin se releva lentement et regarda le chef.
Marlé réagit enfin, tout avait été trop rapide pour lui. Il entra dans le petit espace dégagé devant la porte et hurla
« Maint’nan ! »
Mina rigolait en allumant une mèche et en venant rejoindre son chef ….
Marlé approcha et commença à pousser la porte mais elle ne s’ouvrait pas … ils étaient coincés et on entendait des cris au loin, leur fuite venait d’être découverte. Malgré les efforts conjoints de quatre d’entre eux, rien à faire, la porte était coincée.
Mey regardait ses camarades s’échinaient.
« Voulé k’la krame ? » dit il
« Nan, tro lon … et merde !!! »
On entendait des bruits qui se rapprochaient … Marlé sortit ses armes et s’apprêtait à faire face …
Celui qui arriva en courant était Gii qui courrait comme un dératé poursuivit par une vingtaine d’Ottists … d’autres arrivaient par d’autres chemins …
« Poussé vou ! » hurla Gii, qui abaissa ses armes sans s’arrêter de courir … Une fusée partit en direction de la porte … Le petit groupe se jeta au sol et la porte explosa en envoyant des éclats de bois dans tous les directions … Ils relevèrent la tête au milieu de la poussière pour voir passer Gii qui ne s’arrêta même pas en passant parmi eux … Tout le monde se releva et le groupe commença à franchir les portes … sauf Mey toujours allongé. Il ne s’était pas jeter au sol à temps et peinait à retrouver ses esprits … il avait le visage en sang … Marlé retourna à ses côtés et le releva puis le traina à la suite du groupe …
Mais les Ottist arrivaient …. Ils y en avaient une centaine à présent et les premières flèches commençaient à tomber autour d’eux, il n’avait qu’une cinquantaine de mètres d’avance …. Il ne pourrait pas leur échapper.
Mina jurait.
« P’tain, sa oré du fair boum … fé chié ses mèche lente … »
En arrivant à la hauteur des autres, Marlé s’arrêta et se retourna en lâchant le chaman qui titubait.
« Kes ki s’pass, j’croyé k’vou avié prévu la diversion ? »
« Oué, mé, cé cette p’tain mèche lente ka du s’éteindre .. la on la profond si ma première charge ne péte pa ! »
« Elle é ou cette charge ? » demanda A’Nhii
Mina désigna une petite hutte le long de la paroi.
« Juste derrièr, fau just y foutr l’feu ! »
A’Nhii se retourna et parla rapidement de l’archer puis regarda Marlé
« Voua vé du feu ? »
Aussitôt, il se tourna vers le chaman.
« Mey, on a besoin d’feu ! »
Le chaman encore un peu dans les vapes agita ses bras devant lui mais rien ne se passa …. Il retomba sur les fesses.
« Et merde … »
« Attend, tien ! » dis Gii qui avait craqué une allumette.
L’archer accrocha un petit chiffon au bout d’une flèche et l’approcha. Il s’enflamma et il visa.
La flèche monta haut dans le ciel et retomba juste derrière la petite cabane qu’avait désignée Mina plus tôt.
Les Ottists arrivaient au niveau de la porte.
On eut pas longtemps à attendre avant qu’une première explosion ne retentisse là où la flèche était tombée, soufflant la petite cabane et les gobelins proches … puis une deuxième explosion un peu plus loin ... une troisième … toutes les trois secondes, une nouvelle explosion retentissait en s’éloignant de la première ….Une quinzaine d’explosion eurent lieu puis le silence retomba …
Les gobelins proche de la porte étaient encore au sol et se relevaient péniblement …. Mina rigolait comme un dément ….
« Sa, cé de la réaction en chaine, non ? »
« Et maintenant ? » demanda Marlé qui avait ses armes à la main et qui regardait les gobelins se relever les uns après les autres encore plus furieux qu’une minutes plus tôt …
« Maint’nan, on attend ! »
« On attend koi ? »
Mais le chef n’eut pas besoin de la réponse … un énorme craquement retentit et gagna en intensité … les Ottists avaient du mal à tenir sur leur jambe, le sol bougeait. Bientôt, une fissure sur le chemin au niveau de la porte apparut dans le sol et tout le village commença à s’enfoncer doucement …
Le mouvement accéléra et bientôt, la corniche toute entière bascula dans le vide.
Le groupe avait la bouche ouverte devant ce spectacle. Le chemin s’arrêtait maintenant de manière abrupte sur un précipice …
Seuls les frères T.N.T. étaient hilares et se taper dans le dos.
« J’vou l’avé di chef, une bonne diversion, non ? »
« On peu dire sa … »
Mey s’approcha du bord, il venait de reprendre ses esprits
« Il é passé ou le village ? »
Mina s’approcha et s’apprêter à mettre une grosse claque dans le dos du chaman … avec un peu de chance il basculerait…
Marlé attrapa l’artificier par l’épaule pour l’arrêter et s’approcha du chaman.
« Ils sont parti … »
« Et ils sont toujours en vi ? »
« S’il z’on apri à volé avan le sol, oui … »
Il se retourna et regarda son petit groupe …
« Allé, on y va ! »
Un bruit fit retourner le chef.
Eddy était sur Gédéon, accroché à la paroi de la montagne. Ce lézard devait pouvoir évoluer sur des plans verticaux …. Il agitait son épée dans leur direction en hurlant
« Vou allé l’payé, j’vé allé cherché mon pote Koën et on va vou crevé !!! »
Marlé le regarda, haussa les épaules puis se retourna et prit le chemin qui s’ouvrait devant lui … les autres suivirent …
Mey leva la main et fit un petit signe à Eddy avant de se retourner et de suivre le groupe ….