Bonsoir les gueulards, je poste ici un texte que j'avais écrit pour un concours sur le forum Comtes vampires.
Il s'agit de l'histoire de l'enfant du chaos que j'ai posté
iciL’éternité pour regretter
On ne provoque pas impunément les dieux.
Ashen l’avait toujours su, malgré cela il avait voulu jouer avec le feu, et, en cette sinistre soirée, c’est à celui de Tzeentch qu’il allait se brûler.
Ce meneur, brillant orateur, avait su rallier des milliers d’hommes à sa cause, et le dieu du changement avait largement contribué à son succès. Chaque bataille s’était soldée par une écrasante victoire, et nombreux furent ceux qui rejoignirent ses rangs après avoir entendu ses discours.
Auréolé par tant de triomphes, Ashen avait fini par oublier à qui il devait sa fortune ; et son ambition était devenue démesurée au point qu’il ne cachait plus son désir d’égaler les dieux en exploitant la puissance de Tzeentch pour servir ses propres desseins.
Malgré la victoire de ce jour, un silence de mort régnait sur le campement ; un froid mordant avait écourté les festivités.
Ashen en entrant dans sa yourte fut saisi d’une douleur au ventre insoutenable. Il mit un genou à terre puis contempla les richesses qu’il avait accumulées avec le pressentiment que ce serait la dernière fois, car la mort ce soir serait sa seule compagne.
La sensation des entrailles qui se déchirent fut le début de l’escalade, il sortit du rêve éveillé qu’était devenue sa vie depuis quelques temps. Il se demanda si tout ce luxe, cette débauche, ces excès valaient réellement la peine.
Lorsque sa gorge se mit à enfler au point de ne plus pouvoir émettre le moindre son, il commença à regretter sa conduite. Ses regrets tardifs se confirmèrent lorsque la paralysie le prit. Il se sentit alors prisonnier de son corps, tel le spectateur privilégié de sa propre mise mort. Il aurait voulu fermer les yeux mais cela lui était impossible à présent, ceux-ci ne lui obéissaient plus, peut être pour qu’il puisse souffrir à loisir la punition divine.
La paralysie et la douleur intense qu’éprouvaient Ashen furent bientôt un sort presque enviable lorsqu’il sentit poindre en lui comme une conscience ; un être distinct se développait en son sein et semblait prendre un malin plaisir à se propager en le rongeant de l’intérieur.
Ashen vit alors tous ses membres se boursoufler, ses jambes et ses pieds enflèrent : ses ongles noircissaient à vue d’œil et suintaient le sang et l’ichor.
Le corps svelte et puissant qui jadis avait été un don du sinistre dieu se distendait horriblement. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux lorsque son ventre s’anima de soubresauts semblables au grouillement d’une nuée de serpents.
L’être qu’Ashen sentait s’incarner en lui se déchaîna d’un coup.
Le craquement subtil qu’il entendit s’accompagna d’une douleur indescriptible lorsque ses vertèbres, prises d’une fulgurante croissance sortirent de son dos arrachant par là même chair et peau.
Son bras gauche implosa, il n’en restait que des lambeaux pendants qui à sa plus grande horreur se mirent à se tordre en tous sens avant de s’enrouler autour de ses os, lesquels s’étaient mués en une forme grotesque aux pointes acérées.
Il comprit alors que Tzeentch voulait se délecter d’un macabre spectacle avant de l’achever.
Soudain, sa mâchoire s’ouvrit au point de se décrocher, il comprit pourquoi sa gorge le brûlait tant.
Dans un flot immonde de sang, de bave et des restes de son dernier repas, jaillit alors une myriade de muscles semblables à des tentacules qui, comble de l’horreur, semblaient animés d’une volonté propre.
Ces créatures serpentines au contact de l’air s’entredéchirèrent, puis se régurgitèrent les unes les autres avant de se teinter en beige et de durcir peu à peu, créant ainsi une colonne vertébrale, prolongement de celle d’Ashen.
Le malheureux était alors en proie à une terreur sans nom, le « repentir », le « regret, » ces mots étaient bien faibles pour exprimer ce qu’il ressentait.
Au point où il en était, la mort eût été pour lui un soulagement, une libération que le seigneur du changement semblait peu enclin à lui offrir.
En effet, Tzeentch n’en avait pas fini avec lui :
Ashen vit alors son corps se lever et se diriger lentement vers son miroir, ses paupières s’écarquillèrent et il hurla intérieurement en subissant la vue de son corps atrocement mutilé.
Les tentacules sortant de sa bouche se mirent alors à s’animer comme si elles répondaient à son effroi ; elles s’entrelacèrent afin de former une parodie de visage humain.
Ça y est, il était là : il vit dans le miroir cet être infect qu’il s’était efforcé de contenir, cette présence lancinante qui, depuis le jour de ce fameux pacte avec le démon, lui fournissait tant de pouvoir.
Le regard de la bête fraîchement formée croisa celui d’Ashen puis le fixa.
Ce regard cruel reflétait la satisfaction, le plaisir de voir sa vindicte accomplie, on y sentait même poindre une certaine moquerie lorsque doucement, sans même le moindre bruit, le bras droit se leva, les doigts crochus s’animèrent et le désignèrent d’un air accusateur.
Là Ashen comprit : la bête le pointait, lui… son ingratitude, sa vanité…
Le regard du monstre le pénétra au plus profond de son âme pour y lire ses pensées et se délecter de sa terreur.
Sans un mot le message était passé, Ashen vivra une éternité de repentir, il vivra pour contempler sa propre déchéance, il subira la vue des actes odieux que perpétrera la bête et tout cela il le subira…...en silence.